L’art et la tendance !
L ’art contemporain est une tendance en soi, mise en lumière part ArtPrice qui lui a récemment consacré un rapport spécifique.
Mais que peut-on dire de plus à propos de ses tendances ? Comment les déceler ? En matière d’art, faut-il faire la chasse à la tendance ? Ou doit-on se fier à son seul goût ? Ou son seul objectif ?
Réfléchissons ensemble en regardant de plus près le cas de l’Art brut.
Une brève histoire de l’Art brut
L’Art brut produit des œuvres d’art en dehors du système ; en dehors du cadre. Il est le symbole d’une insubordination involontaire.
Jean Dubuffet disait de lui « L’Art brut est un art spontané et inventif créé par des personnes obscures, étrangères aux milieux artistiques professionnels ».
C’est également Jean Dubuffet qui emploie le terme d’Art brut à partir de 1945.
Les artistes de l’Art brut sont généralement admirés pour leur sincérité. C’est cela qui touche le regardeur. Loin du monumental, loin des grandes questions de société, il est un travail (un reflet) de l’intériorité de son créateur.
Selon Bruno Decharme, collectionneur, l’Art brut regroupe des artistes dont les productions vont bien au-delà des définitions de l’art dans son acceptation habituelle.
L’Art brut : une tendance ?
Depuis les années 80, où il était considéré comme ringard, l’Art brut s’est démarginalisé et a aujourd’hui le vent en poupe.
On notera :
- L’entrée de cet art dans les grands musées d’art moderne et contemporain, et notamment le Moma à NY, la Tate Modern à Londres ou le Musée d’art moderne de la ville de Paris.
- La création de musées spécialisés.
- La multiplication des expositions et de foires dédiées, telles que l’Outsider Art Fair, à Paris.
- L’envolée des prix sur le marché de l’art (cause ou conséquence ?), phénomène soutenu par les grandes galeries et maisons de vente.
- L’apparition d’un marché de l’Art brut avec ses collectionneurs et ses galeries spécialisées.
A lire à ce sujet cet article très intéressant du journal Le Monde Lire cet article sur le monde
L’art et la / les tendance (s)
De tout temps, l’art a eu sa création contemporaine, qui avait des choses à dire sur la société. Ces choses à dire pouvait prendre la forme de témoignage, ou parfois de dénonciation. L’art est donc un terrain d’expression. Nous parlions par exemple du Street Art (autre tendance forte) dans cet article :
Le marché du Street Art : du mur dans la rue au mur dans le salon
Aussi, écouter les artistes permet de déceler des tendances.
Par écouter les artistes, nous entendons regarder leur travail, lire leurs interviews… presque un travail de sociologie. Eux-mêmes écoutent la société… il y a forcément un point de convergence, et ce point délimite la tendance.
Comment le marché de l’art tient-il compte des tendances ?
Sur les marchés financiers, de nombreux éléments influent sur l’évolution des cours de bourse. Parmi ces éléments, citons l’analyse technique, ou encore l’environnement conjoncturel, l’analyse de secteur, le positionnement de l’entreprise dans son secteur, ses key figures…
Il est un élément dont on parle moins : le sentiment de marché. Dans un cycle complet, chaque phase peut être associée à un sentiment de marché. Et chaque sentiment à une émotion. Évoquons par exemple l’optimisme de début de cycle.
Sans être une boule de cristal, le sentiment de marché permet d’anticiper, avec plus ou moins de précision, la phase du cycle dans laquelle se trouvent les investisseurs, ainsi que les phases à venir.
Dans ce cadre, l’engouement pour l’Art brut et l’institutionnalisation de ce segment du marché de l’art sont plutôt intéressants à suivre.
En 2020, Céline Sabari Poizat, co fondatrice de l’agence NNFCTN, édite le premier « Cahier de tendance » de l’art, intitulé NONFICTION.
Avec ce cahier de tendance, un format répandu dans le monde de la mode, l’agence NNFCTN a à cœur de sonder la création contemporaine, d’un point de vue conceptuel et esthétique. Des thématiques générales se dégagent, et chaque année, NONFICTION en explore une. En 2021, il s’est agi de la nature.
Peut-on pour autant parler de tendance de marché ? Oui et non. La thématique n’est pas étudiée selon un prisme de marché et le marché de l’art a sa propre histoire. Mais il peut y avoir des passerelles, des points de rencontres.
Pour l’ensemble de ces raisons, il est intéressant de se tenir informés afin d’être au fait des tendances.
C’est une des missions de Point de Collection et une base en matière de conseil.